mardi 19 janvier 2010

LE RAYON VERT | FRÉDÉRIC BOILET

LE RAYON VERT | Frédéric Boilet | Les Impressions Nouvelles

En ce temps-là il avait 25 ans, il était un jeune et vert auteur de BD et n'avait pas encore émigré au japon. En ce temps-là, Frédéric Boilet publiait "Le Rayon Vert", son premier album "personnel" (après un séries d'albums commerciaux parus chez Bayard et Glénat), album qui allait disparaitre des rayons quatre mois après sa publication suite au dépôt de bilan de son éditeur de l'époque, Magix Strip. 25 ans plus tard, ce sont Les Impressions Nouvelles qui rééditent l'ouvrage dans une très sobre version, restaurée et recolorée pour l'occasion par Boilet lui-même.
Si le dessin est joliment connoté "années 80", la colorisation quant à elle tente de retrouver ses effets d'antan tout en trahissant parfois sur quelques pages l'époque à laquelle elle a été réellement ré-élaborée. S'en dégage une drôle d'impression, comme si l'album naviguait dans une époque difficile à déterminer.

Le deuil, la culpabilité, la rédemption sont des thèmes évoqués dans un contexte vraiment très original (la cathédrale de Strasbourg et l'Observatoire du Pic du Midi) parvenant à relier lieux, légendes urbaines, références à Jules Verne, présent et traumatismes passés. Sans être un chef d'œuvre définitif, Le Rayon Vert reste néanmoins un témoignage précieux pour qui connait la future œuvre de Boilet puisque sa méthode personnelle de travail (investigation personnelle, constitution d'une grosse documentation à chaque nouveau projet, travail d'après des bases photographiques) s'élaborera à partir de cet album.

En bonus, Les Impressions Nouvelles nous offrent une postface où l'auteur revient sur la genèse du projet, sa courte existence en librairie, ainsi qu'une série de dessins et de photos inédites.
(Chronique parue dans le supplément culturel
du quotidien suisse LE COURRIER)

BUZZ-MOI | AURÉLIA AURITA

BUZZ-MOI | Aurélia Aurita | Les Impressions Nouvelles

Souvenez-vous, en mars 2006, une petite BD impudique et pleine fraicheur sortait et créait son petit effet, non seulement dans le milieu de la BD, mais aussi (et surtout) dans les "grands médias". Trois ans après la sortie de "Fraise et Chocolat", et bien qu'ayant donné une suite à son ouvrage, Aurélia Aurita n'a jamais capitalisé sur les aspects les plus vendeurs de son ouvrage phare (l'érotisme), et préfère aujourd'hui produire un ouvrage parlant de la réception médiatique, critique et public de "Fraise et Chocolat" plutôt que d'en refaire une pâle copie.

Toujours aussi vivace et productive (elle a signé l'an passé son meilleur ouvrage, le très Orwelien "Je ne verrai pas Okinawa"), Aurélia Aurita revient donc dans "Buzz-Moi" sur l'enchainement des événements qui ont faits d'elle en quelques mois une des grandes figures de la BD francophone. En une dizaine de chapitres, elle dresse le portrait d'un monde médiatique avide de nouveauté mais avare de temps qu'il consacre aux œuvres, papillonnant de "buzz" en "buzz", jamais à un raccourci près. Dans l'autofiction d'Aurélia, la franchise a toujours été une valeur incontournable, qui s'applique aussi bien à son entourage, aux événements qu'elle décrit qu'à elle-même. Il n'y a qu'à voir avec quelle simplicité (et quelle économie de moyen) elle décrit l'agaçante fausse nonchalance d'un Frédéric Beigbeder qu'elle rencontre lors de son passage au "Grand Journal" sur Canal +. La journaliste de "Elle" qui n'a pas lu le livre mais pour qui "ça n'a aucune importance" en prends aussi pour son grade. Entre l'obligation implicite de devoir promouvoir son livre, répondre aux attentes de son éditeur et son besoin de préserver à tout prix son intégrité, on découvre une nouvelle facette du double fictionnel d'une Aurélia Aurita qui se demande comment gérer sa carrière, garder la tête froide, mais surtout garder son calme face à des journalistes qui ne veulent voir dans ses œuvres polissonnes que l'œuvre d'une petite exhibitionniste de service. "Buzz-moi" offre quelques pistes de réfléxions qui sont autant de conseils aux jeunes (encore plus jeunes) auteurs qu'une pertinente critique du grand cirque médiatique.
(Chronique parue dans le supplément culturel
du quotidien
suisse LE COURRIER)

E DANS L'EAU | RICA & OZANAM

E DANS L'EAU | Rica et Ozanam | Drugstore

E dans l'Eau, c'est un peu l'arlésienne de Rica. Le livre sur lequel il travaillait depuis des années, qu'il nous promettait de finir bientôt, mais dont la sortie n'a cessée d'être repoussée. Un changement d'éditeur plus tard (adieu Albin Michel, bonjour Glenat), l'album est aujourd'hui disponible, et on peux dire que la surprise concernant la qualité scénaristique de l'objet et le contenu graphique est à la hauteur de la déception du travail éditorial effectué par Drugstore.

Couverture hideuse, colorimétrie catastrophique (une bonne moitié de l'album est si obscure que certaines pages sont une torture pour les yeux, réduisant ainsi à néant la profondeur de champs et le travail sur les teintes), on aurait pourtant tort de bouder cet excellent album largement inspiré par tout un pan du cinéma moderne américain. On y cite David Fincher, mais aussi Louis Malle. Le scénariste en chef Antoine Ozanam découpe son histoire en chapitres selon le point de vue de plusieurs personnage comme dans un film de Tarantino. Mais par dessus tout, certains personnages, gavés de références cinématographiques, finissent eux-mêmes par croire qu'on peux vivre dans la vraie vie comme dans une fiction holywoodienne. Proche de l'univers d'un True Romance, E dans l'Eau lorgne aussi fortement du côté du cinéma des Frères Coen avec son récit policier elliptique, nébuleux et rural.

Vous l'aurez devinés, E dans l'Eau ne doit pas forcément grand chose à la BD, et défile plutôt sous nos yeux comme un storyboard de luxe. Alors qu'un autre bordelaise (Tanxxx) a gagné il y a quelques semaines le "prix de la meilleure BD adaptable au cinéma" au festival de Monaco, c'est à se demander si le jury ne s'est pas trompé d'album, tant E dans l'Eau ne semble attendre qu'un réalisateur inspiré pour lui donner une autre vie. Un BD inspirée par le cinéma et adaptée pour le grand écran, voilà un objet qui ouvrirait de nombreuses et nouvelles perspectives.

INTERVIEW ANGÉLIQUE BOSIO | LLIK YOUR IDOLS

____Interview parue dans le numéro 13 du magazine Noise____

LLIK YOUR IDOLS
LA LANGUE BIEN PENDUE
D'ANGELIQUE BOSIO


"Attention à ne pas jouer au génie parce qu'on risque de le devenir", disait Salvador Dali. Ces paroles, combien de jeunes cinéastes l'ont pris au premier degré et attendent encore aujourd'hui le cul posé sur leur égo surdimentionné que quelqu'un les "découvre" ?
Angélique Bosio, elle, a préféré Faire avant de Prétendre. Favorisé l'acte au discours. Bien que Llik Your Idols ait été réalisé dans des conditions très artisanales, sans l'aide du CNC ou d'une quelconque chaine de télé, rien n'a jamais empêché le film de faire le tour des festivals du monde entier et d'être édité en DVD aussi bien aux États Unis qu'au Japon.
Alors que ce documentaire consacré au "Cinéma de Transgression" (l'équivalent cinématographique de la No Wave, avec en tête de gondole Richard Kern, Nick Zedd, Lydia Lunch) sort ce mois-ci aux éditions du Chat Qui Fume, Angélique Bosio termine simultanément son deuxième et troisième documentaire. Petite fourmi travailleuse, simple, spontanée, lucide, elle nous raconte la genèse du film, ce qui l'a poussé à sortir de la calle pour prendre la barre du navire.

Comment et quand est né le projet Llik Your Idols ? Entre le moment où tu as eu l'idée et la première projection, combien de temps s'est écoulé ?

L’idée existe depuis mon adolescence, même si elle a été imprécise et changeante. J’écoutais alors des groupes tels que Sonic Youth, Royal Trux, The Jon Spencer Blues Explosion etc. Les noms de Richard Kern et Nick Zedd notamment sont donc apparus à cette époque, et l’un de mes amis (JB Hanak de Ddamage, qui a fini par faire la musique du documentaire) m’a offert une VHS pirate de leurs films, édités en France par Haxan. Par la suite, j’ai pensé écrire un livre, des articles, organiser une rétrospective etc. Jamais rien de concret, mais l’idée était là. Lorsque j’ai commencé à travailler dans l’audiovisuel, l’envie s’est naturellement concrétisée sous la forme d’un film documentaire, parce que j’avais besoin d’être "créative", de faire quelque chose de mes mains. Mon travail d’assistante de production ne me suffisait pas, il me fallait combler quelque chose. C’était pendant l’été 2002. J’ai décidé de contacter les personnes impliquées dans le mouvement dit du Cinéma de la transgression, et tout s’est passé en quelques semaines : j’ai écrit des emails, réservé des billets, compté sur ma chance, et suis partie pour New York en toute inconscience. Puis les choses se sont compliquées, plusieurs sociétés de production se sont succédées, l’histoire est assez complexe… Le financement a posé de gros problèmes. Disons qu’il a été inexistant. Au bout de 5 ans, le projet a été finalisé et projeté au Palais de Tokyo dans le cadre de l’exposition Steve Parrino. Puis il m’a fallu deux ans encore pour régler des problèmes causés par des petits producteurs véreux, l’envoyer en festivals, et le vendre.

Quelle "vie" a eu le film jusque là ?

Une vie chaotique mais joyeuse… Il a parcouru les festivals dans différents pays, aux Etats-Unis, en Corée, en Australie etc… Le parcours habituel. Comme je l’ai dit, j’ai du me battre sur un plan légal en raison de manœuvres douteuses de la part d’une boite de production française. Aujourd’hui, le documentaire est sorti en DVD aux Etats-Unis, au Japon, et prévu en Europe pour le 6 octobre prochain chez Le Chat Qui Fume, et plus tard chez Monitor Pop. L’accueil a été plutôt bon, je dirais, de mon expérience dans les festivals et d’après les articles que j’ai pu lire. Personne ne m’a encore jeté des pierres en tout cas.

(angélique bosio)

Llik Your Idols est ton premier film. Comment en es-tu venue à la réalisation ? Quel est ton parcours ?

Je n’ai pas de culture cinématographique, à la base. Je viens d’une famille qui ne s’intéresse pas à la culture en général. Ce qui me passionnait, c’était la musique et la littérature, pour faire simple. Or je ne voulais pas travailler dans ces milieux, j’ai donc fait une école de "management culturel", à l’aveugle, désireuse que j’étais de travailler dans l’art contemporain, ou dans le cinéma. Honnêtement, je ne m’y connaissais que très peu, j’avançais à l’aveuglette. Finalement j’ai rencontré Dominique Tupin (Mondo Films) pour qui j’ai quitté mon école puis j’ai travaillé comme assistante de production, pour faire simple de nouveau. La réalisation était une envie de m’essayer à quelque chose, mais pas un acte de foi. Je me sentais libre car je n’y connaissais rien. Je ne me considère pas comme une réalisatrice. J’essaie, j’apprends… En revanche je prends très au sérieux ce que je fais. Et je crois qu’avec Le Chat Qui Fume, on a trouvé un équilibre instable qui nous satisfait.

Combien a couté la production d'un film comme Llik Your Idols ? Comment arrives t-on aujourd'hui à se faire financer un tel film, sur un sujet qui, j'imagine, ne doit pas passionner grand monde au CNC ?

Je ne saurais pas le dire précisément. Je peux donner un chiffre d’après quelques factures, mais il a coûté à la fois peu cher pour un tel documentaire (je n’ai payé aucun droit sur les films, tout m’a été gracieusement mis à disposition), et très cher en termes de dommages collatéraux (conséquences sur ma vie privée et professionnelle, bataille juridique, etc.). Je l’ai financé moi-même, n’ayant jamais obtenu d’aide ou de pré-achat. Mais je pense que tu te trompes un peu sur le CNC. Je ne suis pas passé loin de l’aide au début. Et il faut avouer que j’ai fait les choses à l’envers. J’ai commencé à tourner avant toute autre chose. La difficulté est surtout de ne pas avoir eu de réel producteur ou collaborateur. Avec une vraie implication, un réseau etc. Et je pense qu’il y a eu "erreur" de timing. Enfin, j’ai fait toutes les erreurs possibles et imaginables avec ce film. Mais tant mieux dans un sens.


Ton film s'appelle Llik Your Idols, c'est un clin d'œil à un autre documentaire dont le sujet est assez proche du tiens et qui se nomme Kill Your Idols. Est-ce une façon de créer un lien de filiation, une façon de faire allégeance ? N'as-tu jamais eu peur qu'en choisissant ce titre, tu ai du mal à tirer ton film hors de l'ombre de Kill Your Idols ?


Pas du tout, ce serait plutôt un clin d’œil au slogan Punk et au morceau de Sonic Youth (auxquel se réfère lui-même S.A. Crary d’ailleurs), mais le titre a été choisi en 2002 et même avec la sortie du documentaire de Scott, je n’ai pas voulu changer mon titre. Ce n’est donc ni un lien de filiation, ni une manière de faire allégeance !!!!
Redonnons à Richard Hell et aux autres ce qui leur appartient.

A t-il été simple de rentrer en contact avec tous ces gens qui, aujourd'hui, sont devenus pour certains des artistes contemporains très reconnus ?

Oui, très simple. Un email, et tous ont plus ou moins répondu immédiatement. Ils ont été très disponibles.

Les avant-gardes sont souvent des mouvements éphémères qui finissent très souvent par influencer les structures qu'ils souhaitaient initialement combattre. C'est une des grandes leçons de l'histoire de l'art du XXème siècle. L'avant-garde New-Yorkaise des années 80 n'a pas échappé à ce phénomène...

Je pense que ce n’est pas une leçon du 20ème siècle mais un phénomène des plus naturels, et vieux comme le monde. Ce qui est nouveau et perturbateur devient la norme, et ainsi de suite. C’est un cycle infini. Cela marche avec tout. Notamment en art. Ce qui m’intéresse avec ces artistes c’est justement le fait que Kern par exemple soit publié aujourd’hui par Taschen et que l’on regarde son parcours sur le long terme, non en regardant avec nostalgie ce qu’il a été à 25 ans. Je suis bien plus fascinée par la survivance, quoi qu’elle implique (car elle implique des choses différentes avec Kern et Zedd par exemple) que par le coup d’éclat sublimé par les autres. L’avant garde n’est qu’un début de quelque chose d’autre.

(joe coleman)

Dans ton film, seul Nick Zedd semble vouloir continuer envers et contre tout à tourner des films, mais plus par dépit que poussé par un réel enthousiasme. C'est certainement le personnage le plus touchant étant donné que c'est celui qui n'a jamais vraiment réussi à percer et qu'il émane de lui pour cette même raison une réelle mélancolie.
En revanche, ceux qui ont réussis ne sont pas pour autant montrés comme des opportunistes. Etais-ce un désir de les montrer tels quels ? Ou bien as-tu eu simplement la chance de t'intéresser à des gens qui n'ont jamais eu recours à de vicieux calculs pour réussir ?

Je me suis intéressée à un pseudo mouvement pour pouvoir parler de ces personnes, à travers lui. Ce mouvement n’est qu’un exemple de postures artistiques ou humaines, de choix de vie. Il me permet de raconter l’histoire d’une ville, et de ses protagonistes, mais je ne le considère pas comme un véritable mouvement. En tant que tel, il ne m’excite pas assez pour en faire tout un documentaire. Tous continuent, pas seulement Nick Zedd. Certes il continue de faire "la même chose" (je n’aurais pas parlé de dépit du tout) mais il incarne un aspect des choix dont je parle. Kern en incarne un autre. Il n’y a pas de jugement moral ou artistique de ma part. Mais pour moi, ils me permettent tous ensemble de parler des décisions qui font évoluer notre travail, notre vie etc. car ils sont tous différents, partant d’un même point de départ. Je n’ai pas eu le désir de les montrer d’aucune manière que ce soit, j’ai voulu leur poser certaines questions et les montrer le plus naturellement possible. Je n’aurais pas eu de problèmes à mettre en valeur des calculs pervers potentiels. Pour toi, il n’y en a ici aucun. Pour d’autres, Kern a fait des choix douteux qui ont amoindri son travail (je ne vois pas les choses comme cela, soit dit en passant). Par exemple, la seconde édition de NY Girls, chez Taschen, était dépendante de sa décision d’enlever les photos sanglantes de mâles. Il a accepté. Je ne juge pas, comme je l’ai dit, je présente les faits, les avis divers, et je dis que c’est une manière de survivre, j’en regarde ensuite les conséquences. Si je m’intéresse à Kern, c’est qu’il a survécu à des choses, fait perdurer son travail. Chez toutes ces personnes, il y a, derrière l’aspect auto-destructeur de cette période, ou de la nature de certains, un dynasmisme de vie incroyable.

Il me semble que ces mouvements musicaux/culturels nés aux Etats-Unis dans les années 80 tels la No Wave et le Hardcore US ont étés les derniers authentiques mouvements contre-culturels ou avant-gardistes du monde contemporain. Depuis, j'ai la sensation que tous les mouvements contre-culturels, quels qu'ils soient, sont soient tués dans l'œuf, soient sont condamnés à faire ressortir quelques vieux squelettes du placard, soient n'expriment rien d'authentique, copmme s'ils avaient perdus toute spontanéité en ayant assimilé les façons de faire et les leçons des mouvements qui les ont précédés. Qu'en penses-tu ?

Parce que tu regardes avec nostalgie et colère. Sinon, tu verrais que d’autres choses se passent, qu’elles te touchent ou non, mais que d’autres personnes tentent des choses. Le lieu n’est plus le même, le contexte non plus, donc les formes d’expression non plus etc. Je ne peux pas parler de cette manière, car avant tout, je ne peux pas considérer que je maîtrise et connaisse tout ce qui est fait. Qui connaissait les films de Richard Kern en 83 ? Les films de Zedd en 79 ? Les choses changent et tant mieux. Et puis je ne recherche pas systématiquement la contre-culture. Ce serait un piège.

(thurston moore)

Il y a t-il des mouvements qui te passionnent aujourd'hui ? Des mouvements qui te semblent avoir autant d'impact sur notre époque que cette scène que tu nous décris dans Llik Your Idols ? Ou bien te sens-tu condamnée à errer dans de vieux musées pour satisfaire ta soif d'authenticité ?

Je ne suis pas séduite en général par l’idée de mouvement. Je pense que ce sont généralement des alliances humaines, des questions d’affinités, de réseaux, mais pas une armée qui mérite d’être considérée comme une œuvre en tant que telle. Je suis plus intéressée par les personnalités qui en émergent. Je ne peux pas non plus chercher des équivalents en terme d’impact ou autre, je ne pense pas de cette manière. Je ne cherche pas des choses semblables. De plus, j’aime beaucoup errer dans de vieux musées. Je veux apprendre un maximum de choses, et n’ai aucun mépris pour ce qui est poussiéreux. L’authenticité n’a à mon sens pas plus de crédit chez de jeunes artistes que dans de vieux musées. Je ne comprends pas ce que le mot vient faire là. Je ne sais pas quoi te dire… J’attends avec impatience d’aller voir les œuvres d’Ana Mendieta, dont je n’ai vu qu’une poignée de photos et une seule vidéo, le mois prochain. Son travail me touche. Je le trouve intemporel, plein de thèmes qui me touchent très directement et profondément. Je développe une certaine curiosité pour la boxe, à travers Harry Crews notamment. Je m’intéresse beaucoup à la photographie, avec des gens comme Sally Mann etc. Beaucoup de choses me touchent, m’intéressent, soulèvent des questions. Toutes ces choses ont un impact différent mais formidable.

Quels sont les événements qui t'ont menés dans la litière du Chat Qui Fume ?

Ils m’ont enlevée, séquestrée et fait subir des sévices que je ne saurai nommer, mais qui m’ont convaincue de rester auprès d’eux.

Outre défendre la sortie de Llik You Idols en DVD, as-tu d'autres projets en cours en terme de réalisation?

Oui, deux documentaires. L’un sur Bruce Labruce (cinéaste/photographe underground issu de la scène queer-punk canadienne, Ndr), que nous terminons début octobre, produit par Le Chat Qui Fume, l’autre sur Fifi Chachnil (costumière et créatrice de mode, Ndr), également produit par le Chat. Je ne peux pas en dire grand chose pour le moment, je suis superstitieuse… Et je compte bien faire de la photo un maximum l’an prochain, quand j’aurai plus de temps à y consacrer.




LLIK YOUR IDOLS
Un film d'Angélique Bosio avec Richard Kern, Lydia Lunch, Bruce LaBruce, Thurston Moore, Joe Coleman, Nick Zedd...
Durée: 1h10 / Langue: Anglais / Sous-titres: Français
Bonus: Interview Angélique Bosio / Court métrage Police State de Nick Zedd ! Court métrage War is menstrual envy de Nick Zedd / Court métrage Fingered de Richard Kern / Court métrage You kill me first de Richard Kern / Bandes-annonces
Édité au Chat Qui Fume
www.lechatquifume.com

jeudi 14 janvier 2010

JAY REATARD | 1980 - 2010